In Limine
Des origines de nos croyances… aux prémices de nos émancipations
L’individu artiste

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« Pour peu que l’on conserve un grain de superstition, on ne saurait qu’à grand peine repousser la conviction de n’être qu’une incarnation, un porte-voix, le médium de forces supérieures. La notion de révélation, si l’on entend par là que tout à coup, avec une sûreté et une finesse indicibles, quelque chose devient visible, audible, quelque chose qui vous ébranle au plus intime de vous-même, vous bouleverse, cette notion décrit tout simplement un état de fait. On entend, on ne cherche pas ; on prend sans demander qui donne ; une pensée vous illumine comme un éclair, avec une force contraignante, sans hésitation dans la forme – je n’ai jamais eu à choisir. […] Tout se passe en l’absence de toute volonté délibérée, mais comme dans un tourbillon de sentiments de liberté, d’indétermination, de puissance, de divinité… Le plus remarquable est le caractère involontaire de l’image, de la métaphore : l’on a plus aucune idée de ce qu’est une image, une métaphore, tout se présente comme l’expression la plus immédiate, la plus juste, la plus simple. » Friedrich Nietzsche, Ecce homo, « Ainsi parlait Zarathoustra », § 3

Ainsi donc se révèle l’individu, non pas l’être imbu de volontarisme de la société moderne, mais l’incarnation d’une singularité de forces, dont la résultante se fait sensation de puissance, de profondeur existentielle. Cet individu qui se révèle à lui-même, d’abord et avant tout, c’est l’individu du Tout, de la Totalité dont il se sent alors comme une partie intime, une finitude en même temps qu’une porte vers l’infini. L’individualisme ne saurait être un isolement « atomiste », mais l’expression diverse et indéfinissable de singularités engagées chacune à sa manière dans le processus vital, dans une « volonté » vers la puissance. Se laisser aller à sa propre expression, ou de celle que l’on croît être « nôtre », est le signe d’une contrainte par laquelle nous ne sommes plus ni les sujets ni les objets de l’Art, mais l’Art lui-même, les moments décisifs par lesquels la Création se déploie à la face du monde.

Épée scintillante à la lame tranchante qui découpe les chairs suaves des discours trompeurs et brise les os glauques des certitudes vaseuses, ce n’est nul vérité qui se révèle là… Seulement enivré de justice !

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